J'aimerais être de nouveau libre

Je ne savais pas depuis combien de temps j’étais enfermée dans cette cage, comme un vulgaire animal de cirque. Je savais bien que les blancs traitaient leurs animaux ainsi mais je n’étais pas un vulgaire animal, j’étais un être humain. Certes, j’avais le teint plus mâte qu’eux mais étais ce une raison pour me traiter avec autant de cruauté? Un seul homme avait été gentil avec moi depuis le jour où j’avais été capturé: Spencer. C’était un bien gentil homme pâle et à vrai dire, il était tellement sympathique avec moi que je ne pouvais que l’être avec lui. Mais c’était le seul à avoir droit à un traitement de faveur. Tout simplement parce que sans lui, je serais morte de froid lors de ma première nuit dans cette cage. Il m’avait gentiment apporté une couverture pour me protéger du froid qui me glaçait jusqu’à l’os.

Mais cela faisait un certain temps que je ne l’avais pas vu et qu’il ne m’avait pas accompagné pendant ma traditionnelle promenade dans le camp de l’armée. Promenade qui me servait plus à me dégourdir les pattes qu’autre chose. A la place, j’avais droit à un autre homme pâle… Et franchement, il devait bien sentir qu’il ne m’était pas sympathique car je ne lui avais jamais adressé la parole. D’ailleurs, il allait bientôt être l’heure de ma promenade et je tournais avec espoir mon regard vers les tentes. Malheureusement, ce ne fut pas Spencer qui sortit pour venir vers ma cellule mais Ethan, l’homme que je ne pouvais pas supporter.

Il m’ouvrit ma cage et je sortis en vitesse, sans un regard pour lui et le port de tête haut. S’il n’avait toujours pas compris que je ne le supportais pas, peut être que là, il allait comprendre et me permettre de récupérer Spencer comme surveillant attitré. Je me mis à marcher directement vers les stalles des chevaux, certainement mon endroit préféré. Mais à vrai dire, je préférais les chevaux libres ou encore dans un pré, comme les notre. Les chevaux de l’armée étaient parqués dans des cages à peine plus grande qu’eux et ils avaient juste assez de place pour faire demi-tour sur eux même. Indifférente à Ethan, je caressais quelques chevaux avant de m’accouder à la porte d’une stalle. Je jetais un bref regard à mes vêtements couverts de poussière. Je n’en avais pas changé depuis ma capture. Le chef de l’armée avait essayé de me faire mettre une de leur robe mais j’avais refusé. Je n’étais pas une de leur idiote de femelle qui acceptait de mettre des robes informes et trop imposantes pour faire le moindre mouvement. J’avais donc gardé ma courte robe d’indienne même si elle faisait maintenant pâle figure, ainsi couverte de poussière.

J'étais purement et simplement indifférente à la présence du jeune homme à mes côtés. Je savais bien qu'il me parlait mais il n'y avait qu'un seul homme qui puisse me faire décrocher un mot: Spencer. Et tant que ce ne serais pas lui qui viendrait me sortir de ma cellule, il était hors de question que je ne reparle un jour. Mais Ethan semblait s'accrocher à ce que je lui parle un jour ou l'autre. Alors que j'étais accoudé à la barrière, il finit par parler et tout de suite, il eut mon attention. Ce n'était pas parce que je ne parlais pas que je n'écoutais pas les gens. Il me proposa d'aller prendre une douche à l'extérieur du fort et que pendant ce temps, il pourrait laver mes vêtements. Nouveau silence. En réalité, j'atais contente qu'un homme blanc qui ne prenait que très rarement une douche pense à ce que j'en prenne moi même une avec en plus, à la sortie, des vêtements propres. Mais il était hors de question que j'aille dans leur machin riquiqui qu'ils osaient appeler douche. C'était soit le lac en forêt soit rien. Il se remit à parler et me proposa de monter sur son cheval. Faël. Je l'aimais bien, il avait des mimiques très hommes blancs mais je trouvais sa très drôle pour un cheval.

Je finis par me tourner vers l'homme, toujours silencieuse. Que me valait donc cet élan de générosité de la part d'un homme blanc et surtout de la part du colonel, homme aussi puissant que méchant. Cela sentait le coup fourré à plein nez. Mais une douche, c'était ce dont je rêvais depuis que j'étais enfermé dans cet endroit poussiéreux. Je refis une dernière caresse au cheval derrière moi et je reportais mon regard vers l'homme blanc.

"J'accepte la douche mais à une condition: je ne mettrais jamais les pieds dans ce que vous osez appelé une douche. C'est soit le lac en forêt soit rien. Nan mais qu'est ce qu'ils croient ses hommes blancs..."

Cette dernière phrase était plus pour moi que pour l'homme qui me servait de garde. Je finis cependant par monter sur l'étalon, sans avoir besoin d'aide.